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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/22

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XIV

plus dignes de respect. Palissy se livre à cet examen, qui donne lieu à des remarques pleines de verve satirique et d’une philosophie aussi profonde qu’ingénieuse. Voyant ses mesures constamment en défaut, et ne pouvant reconnaître par ce moyen la cause des bizarreries contenues dans les têtes qu’il examine, il a recours à la philosophie alchimistale. Il les soumet au creuset, à l’alambic, à la coupelle, et finit par y découvrir, « d’une part la cholère noire et pernicieuse, l’ambition et la superbité de l’autre. » Enfin, ayant examiné de plus près, il trouve que « c’est l’avarice et l’ambition qui rendent tous les hommes fous, après leur avoir pourri la cervelle. » Comme la dernière tête qu’il analyse est celle d’un conseiller de Parlement, coupable à ses yeux d’avoir sévi contre ses coreligionnaires, il en prend occasion de faire l’histoire de l’établissement à Saintes de l’église protestante, et des persécutions qui en furent la suite ; ce qui le ramène naturellement à son premier objet : la fondation d’une cité de refuge en cas « d’esmotions, de guerres civiles ou de malheurs publics. » Cette cité est une forteresse dont il trace le plan, après en avoir emprunté l’idée à certains coquillages dont la forme met l’animal qui en est revêtu à l’abri des attaques de tous les autres animaux.

N’est-il pas évident que tous ces détails ? pour n’être point liés par un plan systématique, n’en présentent pas moins une série assez naturelle de réflexions et d’idées ? La forme du dialogue montre, d’ailleurs, que l’auteur n’avait en vue qu’une sorte de conversation, avec toute la liberté qu’elle comporte dans l’ordre des pensées. C’est une mosaïque qui se prêtait merveilleusement à l’exposition de ses sentiments, de ses méditations, de ses vues, où pouvait se déployer toute la richesse de son imagination et la singularité de son esprit. C’est un terrain encore vierge où il déposait le germe des sujets dont l’étude devait le préoccuper dans tout le cours de sa vie.

Presque immédiatement après cette publication, Palissy quitta la Saintonge et vint s’établir à Paris. C’est à partir de