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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/235

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DV MASCARET.

veu en hyuer : aussi sçais-ie bien que la terre qui fait diuision entre la Dourdongne et la Garonne, fait vne pointe entre Bordeaux et Blaye ? là où les deux riuieres se rencontrent, laquelle pointe, viz à viz de Bourg, l’on appelle le bec d’Ambez. Ie me suis trouué quelquefois en laditte pointe où il y a plusieurs maisons ou metairies, lesquelles sont fondees sur la terre, parce que s’ils creusoyent pour faire fondement, ils trouueroyent l’eau qui les empescheroit de bastir, et ne faut douter qu’il n’y aye un grand pays de ladite pointe qui est soutenu par les eaux d’vn bout, et de l’autre bout elle est arrestee par les terres fermes deuers le costé du haut pays ; cela ay-ie conneu, par ce qu’en me secouant sur lesdittes terres ie faisois bransler tout alentour de moy, comme si c’eust esté vn plancher : ie voyois aussi qu’au mois d’Aoust et de Septembre, les terres de laditte pointe sont fendues de fentes si grandes que bien souuent la iambe d’un homme y pourroit entrer : cela me fait croire et assurer que le mascaret n’est causé sinon de l’aër enclos, ce que i’ay aussi conneu par autres exemples des pluyes qui tombent des couuertures des maisons és ruisseaux, et forment par les vents vne vessie ronde, laquelle se creue quand le vent en est sorty. I’ay aussi plusieurs fois contemplé les sources naturelles, lesquelles amenent en cas pareil des vents enclos formés en globe, qui tiennent leurs formes rondes iusques à ce que l’aër les ait creuees : puis que tu vois que l’aër estant poussé par la pesanteur des eaux, a puissance d’esleuer vne si grande quantité desdites eaux, tu peux connoistre par là que telles choses ou semblables peuuent engendrer vn tremblement de terre, non pas si grand comme les trois matieres desquelles i’ay traité au discours escrit en ce liure, sur les faits des causes du tremblement.