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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/259

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ET ALCHIMIE.

au rang des Philosophes. Or comme i’ay dit dés le commencement, l’auarice est racine de tous maux, et ceux qui cherchent à faire l’or et l’argent, ne peuuent estre exemps du titre d’auaricieux, et estants auaricieux, ne peuuent estre dits Philosophes ny compris au nombre de ceux qui aiment sapience. I’ay mis ce propos en auant par ce que tous ceux qui cherchent à faire l’or et l’argent, ont tousiours ce mot en la bouche, que les secrets de sçauoir faire les metaux n’appartiennent sinon aux enfans de Philosophie, et non seulement le disent de bouche, mais le mettent és liures imprimez : comme ainsi soit qu’il fut imprimé à Lyon vn liure de l’or potable, du temps que le Roy Henry troisieme y estoit à son retour de Polongne, auquel liure est clairement escrit, que l’alchimie ne doit estre reuelee sinon aux enfans de Philosophie : S’ils sont enfans de Philosophie, ils sont enfans de Sapience, et consequemment enfans de Dieu. Si ainsi estoit il seroit bon que nous fussions tous de la religion des Alchimistes.

Theorique.

Tu m’as allegué cy dessus des chastaignes, des noix, et autres fruits : Mais cela ne fait rien contre moy, parce que les metaux sont vn et les fruits sont vn autre.

Practique.

I’ay grand honte que ce propos dure si longuement : toutesfois à cause de ton opiniatrise ie parleray encores de ce fait. Que ne consideres tu le fait de l’aimant, qui par vne vertu singuliere attire à soy le fer : combien qu’il n’ait nulle ame vegetatiue : et si ainsi est hors de la matrice de la terre, combien cuides tu qu’il aye plus grande vertu en la terre, quand il est encores en matiere liquide ? l’aimant n’est pas seul qui ait pouuoir d’attirer à soy les choses qu’il aime : Ne vois tu pas le Iayet et l’Ambre, lesquels attirent le festu ? Item, de l’huille estant iettee dedans l’eau se ramasse à part de laditte eau, veux tu meilleures preuues que du sel commun, du salpestre, de l’alun, de la coperoze, et de toutes especes de sels, lesquels estans dissouz dedans l’eau se sçauent bien separer et faire vn corps à part distingué et separé d’auec l’eau ? et en confirmant ce que i’ay dit cy dessus, ie te di encores, que la semence des metaux est liquide et inconnue aux hommes : Et tout ainsi que ie t’ay dit que la semence du sel liquide se sçait separer de l’eau commune, pour se conge-