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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/258

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DES METAVX

non contre ceux qui veulent vsurper (pour viure à leur aise) vn secret que Dieu a reserué à soy, aussi bien comme la puissance de faire vegeter et croistre toutes plantes et toutes choses. Car c’est Dieu luy mesme qui a ietté la semence des metaux en la terre. Et ils veulent entreprendre de faire vne œuure qui se fait occultement dans la terre, de laquelle ils ne connoissent ny le moyen ny les matieres, ny par quelle vertu ny comment, ny en combien de temps la chose peut paruenir à sa perfection. L’on a quelque connoissance du temps qu’il fault pour la maturité des bleds et autres semences : Mais quant est de la semence des metaux, ils n’en ont aucun tesmoignage, ny connoissance de la vertu par laquelle les matieres se lient et congelent. Ie sçay bien que ces choses ont quelque vertu d’attirer l’vn et l’autre, comme l’aimant tire le fer. Aussi sçay-ie bien que quelque fois i’ay pris vne pierre de matiere fusible, qu’apres l’auoir pilee et broyee aussi finement que fumee, et l’ayant ainsi puluerisee ie la meslay parmy de la terre d’argile, et quelques iours apres quand ie vouluz besongner de laditte terre, ie trouuay que laditte pierre s’estoit commencee à rassembler, combien qu’elle fust meslee si subtilement parmy la terre, que nul homme n’en eust sçeu trouuer vne pierre aussi grosse que les petits atomes que l’on void dedans les rayons du soleil, entrant dans la chambre, chose que i’ay trouuee merueilleusement admirable. Cela te doit faire croire que les matieres des metaux se rassemblent et congelent admirablement, suyuant l’ordre et vertu admirable que Dieu leur a ordonné.

Theorique.

Tu as beau parler contre l’alchimie, toutefois i’ay veu plusieurs Philosophes, qui m’ont baillé de grandes raisons du fait de la generation de l’or et autres metaux.

Practique.

Ie me doute que ceux que tu appelles Philosophes, ne soyent les plus grands ennemis de Philosophie. Car si tu sçauois que c’est que Philosophie tu connoistrois que ceux qui cherchent à faire l’or et l’argent, ne meritent pas ce titre : par ce que Philosophe veut dire amateur de sapience. Or Dieu est sapience : l’on ne peut donc aimer sapience sans aymer Dieu. Et ie m’emerueille comment vn tas de faux monnoyeurs, lesquels ne s’estudient qu’à tromperies et malices, n’ont honte de se mettre