Aller au contenu

Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
DES METAVX

terres, sables, et autres ordures, aussi les eaux metalliques estans impures en leur congelation, elles congellent toutes choses qui sont en icelles : parquoy les affineurs ont grand peine à separer le pur d’avec l’impur, comme tu pourras plus clairement entendre en la conclusion que ie feray sur le traitté des pierres. Tu sçais bien que la cause qui m’a meu de te remonstrer ces choses, n’est autre sinon afin que iamais ne te prenne enuie de t’associer auec ceux qui veulent generer les metaux. Car par les instructions que ie t’ay donné tu peux aisément connoistre qu’ils s’abusent, de vouloir faire par feu ce qui se fait par eau. Ie te puis asseurer auoir connu vn grand nombre des cercheurs susdits qui sont si ignorants qu’ils pensent retenir les esprits enfermez dans des vaisseaux de terre, chose à eux impossible.

Theorique.

Et qu’est ce qu’ils appellent esprits ?

Practique.

Ils appellent esprits toutes matieres exalatiues, et singulierement le vif argent, qui est vne eau qui s’exale comme l’eau commune, quand elle est pressée du feu, et ils ont opinion que s’ils pouuoyent trouuer quelque terre, de laquelle ils pussent faire des vaisseaux pour faire chauffer le vif argent, estant enclos dedans iceux, qu’iceluy se congeleroit en argent, et seroit rendu maleable. Mais les pauures gens s’abusent si lourdement que i’ay honte de le dire. Car quand le vaisseau auroit cent toises d’espoisseur, il seroit impossible de le garder de creuer, s’il estoit tout clos, partant qu’il y eut au dedans tant peu soit d’humidité : comme ie t’ay fait entendre en parlant des tremblements de terre, que les matieres humides estans touchées par le feu font de merveilleux efforts, et ne peuuent endurer estre encloses sans aër, comme tu as entendu par vne pomme d’airain ; et mesme les œufs, les chastaignes, les pommes, et autres fruits sont contrains se creuer, quand l’humeur est eschauffee : et voyla pourquoy l’on est contraint de creuer la peau des chastaignes, afin que l’humeur eschauffee ne les face petter : si ces bonnes gens consideroyent ces effects, ils ne chercheroyent point de terre pour retenir les esprits.

Theorique.

Tu m’as allegué cy dessus des chastaignes, des noix et au-