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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/279

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DV MITRIDAT.

quelque saueur, ladite saueur n’est autre chose que le sel qui est en la chose que tu tastes. Car le sel est de telle nature qu’il se dissoult à l’humidité et quand l’humidité est chaude il se dissoult plus promptement. Or la langue apporte auec soy vne humeur chaude, qui cause soudain faire attraction de quelque peu de sel de la chose qui luy est presentée. Voyla pourquoy je di que si la langue pouuoit tirer quelque saueur de l’or ce seroit du sel, et l’or diminueroit, d’autant que la langue en auroit attiré, et n’en pouuant rien tirer comme des alimens nutritifs, il est aisé à conclure que l’or ne peut seruir de nourriture.


DV MITRIDAT, OV THERIAQUE.




O r ayant desconfit vne erreur de si long temps inueterée, touchant le restaurant d’or, il m’est pris enuie de parler vn peu du Mitridat, auant que de parler des sels.

Theorique.

Et as-tu quelque chose à dire contre le Mitridat ?

Practique.

Ouy bien : mais afin de ne rendre mal contents les medecins, et que par là ils ne prennent occasion de detracter de mes autres œuures, ie n’en parleray sinon par maniere de dispute, prenant mon argument sur ce que aucuns disent qu’il faut de trois cents sortes de drogues pour le composer, ce que ie trouue bien fort eslongné de ma capacité, et ne puis penser, que tant de sortes de simples puissent loger ensemble dans vn estomac, sans faire ennuy l’vn à l’autre.

Theorique.

Si tu mets vn tel propos en auant tu te feras hayr de beaucoup de gens, voudrois tu bien entreprendre de contredire à