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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/32

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XXIV

eût déjà pressenti le système universel des attractions et des répulsions, des sympathies et des antagonismes ?

Cependant Palissy avait entrevu dans les combinaisons chimiques un ordre de phénomènes dont il avait de la peine à se rendre compte, mais qui lui semblait si général, qu’il fallait absolument le rapporter à une cause de premier ordre : aussi n’hésite-t-il pas à y voir un cinquième élément. Comme cette cause s’appliquait surtout d’une manière notable à la formation des sels, il l’avait d’abord confondue avec les sels eux-mêmes. Il se la représentait donc comme une matière soluble dans l’eau, douée de saveur, d’odeur et de propriétés diverses, parfois occultes, et se prêtant facilement à toute sorte de combinaisons. Il la regardait comme la base des substances minérales, le principe de la végétation, et même de la reproduction chez les êtres organisés. Bien que ce nouvel élément ne puisse pénétrer les corps qu’à l’état de dissolution, il doit, pour agir sur eux, se séparer de l’eau dans laquelle il est dissous, et que Palissy appelle eau exhalative, par opposition avec l’eau retenue par le sel, et qu’il nomme germinative ou congélative (de cristallisation). En généralisant cette pensée, il donne au mot sel une acception plus étendue, et l’applique à tous les corps doués de propriétés occultes, de quelque faculté de combinaison[1]. Que si cette extension dépassait les véritables limites, il faut bien convenir qu’une définition plus rigoureuse eût été un pas trop gigantesque pour l’époque, et surtout pour un chimiste qui n’avait d’autre guide que les inspirations de son génie ; mais on ne saurait nier qu’il y eût là une pensée, une vue scientifique de premier ordre ; et que ce principe, cet élément qu’il ne pouvait encore se représenter que sous la forme d’un corps palpable, fût autre chose que la force qui préside aux combinaisons chimiques, qu’on lui donne le nom d’affinité, de force chimico-électrique, de puissance catalytique, ou toute autre dénomination.

  1. C’est dans le même sens que les anciens chimistes l’étendaient jusqu’à la classe des acides.