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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/31

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XXIII

sophes, « c’est-à-dire amateurs de sapience, » en faisant preuve de cupidité et de mauvaise foi[1]. Il cherche à prouver, par le raisonnement, que la génération des métaux est un de ces secrets que Dieu s’est réservés à lui-même, « comme de donner aux plantes le croistre, la saveur et la couleur ; » et qu’enfin la découverte de la transmutation, fût-elle possible, entraînerait les plus funestes conséquences, en arrachant les hommes « au cultivement de la terre, à l’industrie, à l’étude et aux arts. »

Ce n’était point assez de détourner la science de la fausse voie dans laquelle l’engageaient les alchimistes, il fallait encore la ramener dans celle de la vérité, en enseignant les saines méthodes d’observation et les sujets vraiment utiles sur lesquels elle avait à s’exercer. C’est ainsi que, tout en s’élévant contre les fripons ou les fous qui poursuivaient le grand-œuvre, il conseillait aux médecins de s’occuper de chimie afin de mieux connaître les choses naturelles ; il appelait l’attention des minéralogistes sur la manière dont se forment les sels, les cristaux, et posait les premiers principes de la cristallographie. Remarquant l’analogie qui existe entre certaines pétrifications et les minéraux cristallisés, il cherchait à expliquer les unes et les autres par une même théorie. Il émettait les vues les plus neuves sur l’affinité, qui réunit les corps de nature étrangère, et sur l’attraction, qu’il appelle « une matiére supresme qui attire les choses de mesme nature. » L’aimant, dit-il, n’est pas seul qui ait le pouvoir d’attirer les choses qu’il aime. Le jayet et l’ambre n’attirent-ils pas le fétu ? L’huile jetée sur l’eau ne se rassemble-t-elle pas en une masse, et les sels dissous au sein d’un liquide ne savent-ils pas se réunir pour se former en cristaux ? Enfin, il va jusqu’à trouver des phénomènes analogues parmi les plantes et même les animaux ; comme si, dans ses prévisions instinctives, il

  1. « Je m’esmerveille comment un tas de faux monnoyeurs, lesquels ne s’estudient qu’à tromperies et malices, n’ont honte de se mettre au rang des philosophes. » (V. le Traité des métaux.)