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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/321

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DES PIERRES.

parties maritimes. Il y a plusieurs especes de volailles qui auparauant les tempestes adueneus en la mer se retirent és riuieres douces en attendant que les tourmentes soyent pacifiées, et apres s’en retournent en la mer comme auparauant. Entre lesquels oyseaux il y en a vn genre qui sont blancs et grands comme pigeons, que l’on appelle goilants (goëlands), qui au temps de tempestes se sçauent retirer és eaux douces. L’on voit communement les porcilles, qui est vn grand poisson, venir és costes de la mer auparauant la tempeste, qui est vn signe qui donne à connoistre aux habitans du pays que la tempeste est prochaine. Et quant est du poisson portant coquille, au temps de la tourmente ils s’attachent contre les rochers en telle sorte que les vagues ne les sçauroyent arracher, et plusieurs autres poissons se cachent au fond de la mer, auquel lieu les vents n’ont aucune puissance d’esbranler ny l’eau ny le poisson. Voila vne preuue suffisante pour nier que les poissons de la mer se soyent espandus par la terre és iours du Deluge. Si Cardanus eust regardé le liure de Genese il eust parlé autrement : car là, Moyse rend tesmoignage qu’és iours du Deluge, les abymes et ventailles du ciel furent ouuertes, et pleut l’espace de quarante iours, lesquelles pluyes et abymes amenerent les eaux sus la terre, et non pas le desbordement de la mer.

Theorique.

Mais d’où voudrois tu donc dire la cause de ces coquilles dedans les pierres, si ce n’est par le moyen que Cardanus a escrit ?

Practique.

Si tu auois bien consideré le grand nombre de coquilles petrifiées, qui se trouuent en la terre, tu connoistrois que la terre ne produit gueres moins de poissons portans coquilles, que la mer : comprenant en icelle les riuieres, fontaines et ruisseaux. L’on voit aux estangs et ruisseaux plusieurs especes de moules et autres poissons portants coquilles, que quand lesdites coquilles sont ietées en terre, si en icelle il y a quelque semence salsitiue elles se viendront à petrifier.

Theorique.

Ie ne croiray iamais qu’en la terre se trouue presque autant de poissons portans coquilles que dans la mer, et l’on sçait bien qu’il n’y a endroit en la mer qui n’en soit tout rem-