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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/435

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Au traité de l’Or potable (p. 224), Palissy cite le livre dans lequel il a déjà montré que l’or ne peut servir de restaurant. La Recepte véritable contient en effet une dissertation à ce sujet (p. 54-57), où l’on trouve les mêmes arguments que dans le traité spécial de 1580. À la vérité, il est aussi question d’or potable dans la Declaration des abus et ignorances des medecins, mais non dans les mêmes termes, ni en se fondant sur des raisonnements semblables, comme le prétend Gobet. Du reste, cette opinion était également professée par Sébastien Colin dans la diatribe à laquelle répondait Pierre Braillier ; les arguments que l’auteur y fait valoir se rapportent même mieux que ceux de Pierre Braillier aux arguments de Palissy : et qu’y aurait-il d’étonnant que ce dernier, ayant adopté une opinion qui lui paraissait fondée, l’eût reproduite quelques années plus tard, en lui donnant plus de force et de développement ?

Quant à la prétendue conformité des signes et des caractères typographiques que les précédents éditeurs ont cru remarquer entre le livre de Pierre Braillier et le premier ouvrage authentique de Bernard Palissy, on sait combien les éditions de cette époque offraient de points de ressemblance, alors que la gravure et la fonderie typographiques ne comptaient encore qu’un très-petit nombre d’ateliers.

Mais ce n’est pas seulement à ces remarques que l’on doit s’arrêter pour établir que l’ouvrage que Gobet et Faujas attribuent à Palissy n’est point sorti de sa plume. Il est évident pour tout homme qui a étudié cet auteur que ce n’est là ni son langage, ni sa logique, ni sa manière vive, serrée, pleine de verve et de couleur. Le ton général de l’écrit est lâche, diffus, redondant. C’est sans aucun doute l’ouvrage d’un homme du métier, car il en connaît trop bien tous les détails. Palissy était chimiste, mais nullement apothicaire, et à peine est-il question de chimie dans la réponse de Pierre Braillier. Tout au plus pourrait-on croire que le véritable auteur en ait fourni le fond à Palissy ; mais ce dernier était-il homme à écrire pour un autre sur des matières qui lui étaient en partie étrangères ? Si l’on y réfléchit davantage, on voit que cette époque de 1557 coïncide précisément à celle où il était le plus occupé de la recherche de ses émaux, où il eut le plus à lutter contre les difficultés de son art, contre l’in-