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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/441

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ESPITRE AU LECTEUR.




T u ne seras point scandalisé, Amy Lecteur, si nous n’obseruons la loy de nostre Seigneur Iesus Christ, qui nous commande rendre bien pour mal, pardonner à tout le monde, mesme à ceux qui nous ont offencé, et offencent : encores que soit sans cause, raison et verité. Et nous defend prendre vengeance l’vn de l’autre, et aussi de nous iniurier l’vn l’autre, comme faict Lisset Benancio en son liure intitulé, Les Abus et tromperies que font les Apoticaires, les denigrant, outrageant à toute outrance, sans sçauoir qu’il dit, et sans considerer que ce qu’il en a escrit est faux et ne contient verité, de chose qu’il dit, ains a faict son liure par grand enuie qu’il a contre les Apoticaires, pour ce qu’ils n’en tiennent conte, et qu’ils ne luy font gaigner argent comme ils font à quelques autres, à cause que c’est quelque pauure fol opiniastre et ignorant. Vous connoistrez facilement, si vous lisez son liure, la grand affection et mal talent qu’il a contre les Apoticaires de Poitou, Aniou et Touraine. Ie m’esbays bien que iceux ne luy ont respondu : il faut bien qu’il ayent crainte de lui, ou qu’ils n’en veulent tenir conte non plus que d’vn fol, ou qu’ils soyent tels qu’il les nomme, à sçauoir ignorans et indoctes.

Il dit qu’ils sont incorrigibles, et que par charité les a voulu admonester, et faict admonester par ses amis : qui est bien au contraire, car au lieu de les admonester et corriger secretement, il les a timpanisez et scandalisez, blasmez et iniuriez par ses escritures, qui se vendent et crient publiquement par toutes les villes de France. Parquoy tu ne trouueras estrange, si ie me suis ingeré à respondre aux grandes iniures et blasmes que ce venerable Lisset a escrit contre les Apoticaires, tant pour soustenir ceux de ma qualité, que pour remonstrer que