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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/446

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qu’il dit est fort veritable, et est bien possible de faire ce qu’il en dit.

Il n’y a si petit apprenty en la Pharmatie qui ne iuge qu’il n’est qu’vne beste, et ne vit oncques medicamens. Parquoy il est à présumer qu’il dit ainsi verité des autres choses, et qu’il n’est qu’vn menteur, et que foy ne doit estre adioustée en ses dits. Car il a fait son liure par grand haine et malueillance qu’il a contre les Apoticaires, pour ce qu’ils ne l’appellent pas en leurs practiques, et ne luy font gaigner argent, dequoy il est enragé : puis dit par son excuse qu’il a fait son liure par charité. Tu me diras : qui t’a meu luy respondre, voyant qu’il ne te blasme, ny ceux de ta patrie ? Ie te dis que ie ignore qu’il soit du pays d’Aniou, Poitou ou Touraine : mais ie doute plutost que ce soit quelque Medecin de Lyon ou des enuirons, qui auroit changé son nom, et ce seroit nommé ainsi, et donner la charge aux Apoticaires de ce pays, pour blasmer ceux de ma patrie, et ainsi pour crainte que ceux de Lyon ne luy fissent response : car ie ne cogneus iamais Medecin qui eust nom Lisset ; c’est vn nom qui est sot et rare, et croy que le maistre est sot et rare comme son nom, si maistre y a ; et aussi que ie me suis fort scandalisé lisant vn liure si satyrique et iniurieux contre les Apoticaires, ne contenant verité : lequel liure se vend publiquement dans Lyon, et si plutost fust venu en ma notice, plutost luy eusse respondu.

Icy ne sont blasmez les doctes et sçauans, et afin de n’estre prolixe, ie prieray à Dieu tres-affectueusement qu’il nous donne la grace de si bien exercer nos estats et vacations en quoy luy a pleu nous appeller, que ce soit à sa louange et gloire, afin que n’ayons iuste occasion nous blasmer et iniurier les vns les autres, au grand preiudice et moquerie des facultez.