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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/445

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rir. Ils veulent estre appellez Medecins, et ne font nul acte de medecin.

Mettez entre leurs mains vn hydropic, vn asmatic, un epiletic, vn apopletic, vn etic, une peste, s’ils les gueriront, ouy de beaux. Ie ne sçay à quoy ils ont estudié : s’ils auoyent seulement appliqué leur estude à guerir l’vne de ces maladies (qu’ils disent quasi incurables), ils deuroyent estre appellez Medecins de cette maladie : mais ils n’en sçauroyent guerir vne. I’ay veu guerir de la peste, i’ay veu guerir d’hidropics, d’asmatics, elles ne sont pas doncques incurables, sinon à ceux qui ne les sçauent curer, mais ils ne se soussient de les guerir aucunement : c’est tout vn, mais que les testons viennent, viue ou meure le patient s’il veut.

Et ne trouues-tu pas abuser grandement, de prendre l’argent d’vn pauure patient, lui promettant lui oster sa maladie, et tu n’en as point de certaineté ? Et si toy même en estois frappé, tu ne t’en sçaurois guerir.

Ie cognois beaucoup de Medecins qui sont frappez et affligez de certaines maladies, desquelles ils ne se peuuent guerir, les vns de gouttes artetiques, les autres de gouttes migraines : les autres de colliques venteuses, les autres de nephresie, les autres de frenesie, et tant d’autres, et ne s’en sçauent guerir, et sont contrains endurer et garder leurs maladies par force, et ne laissent pas d’en panser les autres. Regarde quelle perfection est en leur estat : et se ingerent blasmer les autres, comme la Pharmatie qui est vn art parfait, et le leur est imparfait : car tu peux cognoistre que tout ce qu’ils font est à l’auenture, sans perfection : voyant qu’ils ne se peuuent guerir eux-mesmes des maladies dequoy ils sont frappez. Si ie voulois escrire les grands et enormes abus et tromperies que i’ay veu faire aux Medecins, il y auroit grand volume, et n’escrirois que choses veritables : et quelquefois si les Apoticaires n’estoyent plus sages et prudens que les Medecins à mitiger leurs ordonnances, ils en mettroyent beaucoup à la renuerse : car ils ne sçauent pas la moitié de la force et acrimonie des medicamens qu’ils ordonnent. Il dit que les Apoticaires sophistiquent leurs drogues et medicamens, et en a fort bien escrit à son honneur, et en sera fort bien estimé entre gens doctes et sçauans, qui cognoistront par ces escritures que ce