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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/469

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sont point subtiles, et leur odeur ne penetre le cerueau. Dauantage il a conuenance auec le feu, et brusle mieux que l’huile ou gommes ; s’il estoit froid, il repugneroit au feu son contraire : mais au contraire, le feu s’y prend sitost qu’il le touche ; s’il etoit froid comme le salpestre, il brusleroit auec bruit et repugneroit : mais il brusle lentement sans mener aucun vent, et l’eau ne l’en peut garder : car il brusle en l’eau ; dauantage, quand il est meslé auec la poudre à canon, où il y a du salpestre, il fait la poudre fort violente, à cause du froid et du chaud, qui est le salpestre et le camphre, et s’il etoient tous deux froids, ils seroyent longs à brusler : car le souphre est long à brusler, et n’auroit pas tant de vigueur, force, ny violence ; parquoy i’approuue le camphre chaud par toutes ces raisons : et quant à l’experience, ie ne vis onques refroidir inflammation par camphre : et n’estoient les autres medicamens froids que les Medecins et Chirurgiens ordonnent pour accompagner le camphre, iamais il ne refroidiroit les parties enflammées ; mais au contraire, reschaufferoit au lieu de refroidir ; et si tu en veux autre experience, esprouue le seul, et tu trouueras qu’il est chaud.

Notre Maistre Lisset dit que les Sandaux sont chauds à cause de leur odeur violente, et dit que icelle odeur leur est baillée par les Apoticaires. Veritablement il a bien parlé, et à son honneur, et a beaucoup veu de Sandaux. Il n’y a si petit apprentif en la Pharmatie, qui ne iuge que c’est vn ignorant du tout : car il ne seroit possible de bailler odeur à vne piece de bois comme il dit, qui ne coutast à l’Apoticaire plus de deux escus sans le temps perdu, et le sandal blanc et citrin ne couste que huit sols la liure. Ne seroit-il pas bien de loisir qui s’y amuseroit, gaigneroit-il pas bien sa vie ? Encores n’est-il possible de le faire.

Il dit aussi que les Apoticaires font tremper de bons girofles pour donner odeur aux vieux. Ne seroit-il pas bien de loisir aussi l’Apoticaire qui s’amuseroit à bouillir vne liure de girofles bons, pour donner odeur à vne liure de vieux et pourris ? Maistre Lisset ne sçait pas et n’a pas experimenté que les girofles bouillis ou trempez en eau ne valent rien, et fussent-ils les meilleurs du monde, auant bouillir ou tremper : car ils ne se peuuent si bien desseicher qu’ils ne donnent bien à cognoistre qu’ils ont esté mouillez : car ils regrignent ou regril-