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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/474

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parquoy tu iugeras que l’herbe seiche ne perd rien de sa vertu pour estre seichée.

Si nous voulons auoir l’huile ou autre eslement d’vne herbe par distillation, nous la faut faire seicher. Ie ne dis pas qu’il ne se puisse faire sans seicher. Or le voudrois demander aux Medecins, qui fait la plus grande faute en automne ou hyuer, le Medecin qui ordonne l’herbe verte ou l’Apoticaire qui luy en baille de seiche. Ie dis que le Medecin erre grandement d’ordonner l’herbe verte hors son temps : car l’herbe cueillie en son temps qui est Auril et May, quand la vertu est aux caules ou tiges, et feuilles, a plus de vertu seiche que n’a la recente quand la vertu est en la fleur ou semence, ou quand la vertu est retournée en la racine, qui est en automne ou en hyuer. Tu ne peux auoir la vertu des herbes aux feuilles si elle est en la racine. Aussi tu ne la peux auoir en la racine quand elle est aux feuilles, et au semblable tu ne la peux auoir en la fleur si elle est en la semence, aussi en la semence si elle est en la fleur.

Chascune chose a son temps, et doit estre cueillie et amassée en son temps si tu ne veux grandement errer ; parquoy ie dis que l’Apoticaire qui diligemment amasse et se fournit d’herbes, racines, fleurs et semences en leurs temps, et les fait seicher pour en seruir en l’ordonnance du Medecin seiches, fait beaucoup mieux que les bailler vertes, encores que le Medecin l’ordonne hors du temps des feuilles ; comme en automne ou en hyuer, encore que l’on les puisse trouuer : car nos Medecins en temps d’hyuer ou automne font chercher les herbes recentes, qui ont passé leur temps, et laissent les seiches qui ont esté prinses et amassées au temps de leur vertu, qu’il en vaut mieux vne poignée qu’vn plein sac de recentes de ce temps-là, et sont encores en cette ignorance.

Maistre Lisset est fort empesché sçauoir que c’est que turbith que nous usons auiourd’huy en la Pharmatie ; pour te dire que c’est, ce n’est le taptia que tu dis, qui se trouue en la Romaigne, c’est l’esula maior qui se trouue au Royaume de Naples, et en autres lieux, et nous est apportée des Venitiens et autres Nations, fort chere. Ie te monstreray d’esula maior aussi belle, charneuse et laticineuse comme celle qui nous est apportée des Neapolitains, qu’ils appellent turbith.

I’ay experimenté l’esula maior de ce pays, que i’ay trouuée