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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/478

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pourroit-il venir à bout et luy suffiroit bien sçauoir mediocrement la chirurgie.

Ie voudrois trouuer vn Chirurgien qui osast asseurer guerir vue maladie, et en donner raison, ie l’estimerois bien. Ils diront bien qu’ils la gueriront, si autre accident n’y vient ; mais de preuoir l’accident, pas rien. Quand tout est dit c’est comme des Medecins, ils sçauent bien faire la mine, rien autre, pouruu qu’ils soyent bien braues, de l’argent gaigné aux pauures gens, en les abusant, c’est tout vn, aussi tout est à l’aventure.

I’ay veu vn Chirurgien asseurer guerir vne petite playe à la cheuille du pied, dans quatre iours, n’en faisant grand conte, et le patient mourut en six iours, et la cause de mort fut la douleur de l’vlcere qui causa la fieure continue, et le veau ne luy sçeut iamais leuer la douleur, et s’il estoit fort braue et bien velouté, et tant d’autres que i’ay veu faire deuant mes yeux. Parquoy il suffiroit bien au Medecin faire sa Medecine, au Chirurgien, la Chirurgie, encores en seroyent-ils bien empeschez, sans comprendre sur les autres estats, et seroit bien assez que chascun sçeust donner raison de ce qu’il fait ; mais leurs raisons sont tant minces, que les imperits aujourd’hui leur font grand honte.

I’ay veu dans Lyon vn Courdonnier et vn cousturier qui n’auoyent iamais estudié en medecine, ny en chirurgie, se mesler de practiquer et guerir les maladies que les Medecins et Chirurgiens auoyent desesperez et abandonnez. N’est-ce pas vne grande honte à eux ; et ils entreprennent l’vn sur l’autre, et de tout ne sçauent rien, et ne sont certains de rien ; parquoy il seroit bien meilleur laisser toutes autres faciendes pour estudier en la medecine et chirurgie, à fin de confondre tous ces imperits, guerir les maladies et satisfaire si bien que les cousturiers et courdonniers n’emportassent l’honneur qu’ils doivent auoir, et ne se fascher si vn plus sçauant et experimenté que eux y entreprenne ; qui est grand honte, sans s’amuser à blasmer l’vn l’autre par escrit, qui est vne grande moquerie entre les sçauans et doctes. Ie pense bien que Lisset n’a reçeu grand honneur d’auoir ainsi vilipendé et iniurié les Apoticaires.

Quant à moy, la response que ie lui en fais, c’est pour ce qu’il blasme sans raison et ne dit verité : car ce qu’il dit des