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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/90

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ie te feray bien entendre, en te parlant des cailloux : mais les pierres bonnes à faire chaux, il n’y a pas long temps qu’elles sont congelees et fermees : et si autrement estoit, qu’ainsi que ie te dis, toutes pierres seroyent bonnes à faire chaux. Et quant est de l’autre poinct, que l’eau qui passe à trauers des terres se reduit en pierre, et que ie t’ay dit, que cela ne s’entendoit pas du tout, ains d’vne partie, considere vn peu la maniere de faire le salpestre. On fera bouillir l’eau qui aura passé par la terre salpestreuse, et par les cendres : est-ce pourtant à dire que toute ladite eau se conuertisse en salpestre ? Non. Pareillement, toute l’eau qui passe à trauers des terres, ne se conuertist pas en pierre, mais vne partie : et ainsi, il y a bien peu d’endroits en la terre, qui ne soyent foncez de pierre, ou d’vne espece, ou d’autre : car autrement il seroit difficile de trouuer une seule fontaine.

Demande.

Ie te prie, laisse pour cette heure le propos des pierres, et me fay une petite enarration de ces fontaines, puis que le propos s’y presente.

Responce.

Ie t’ay dit cy deuant, qu’il y a bien peu de terre, qui ne soit foncee par dessous de pierres, ou de mines de metaux, ou de terre argileuse, voire bien souuent foncee de toutes les trois especes : dont s’ensuit, que quand les eaux des pluyes tombent de l’air sur la terre, elles sont retenues sur lesdits rochers, et lesdits rochers seruent de vaisseau et receptacle, pour lesdites eaux : car autrement, les eaux descendroyent iusques aux abysmes, ou au centre de la terre : mais estans ainsi retenues sur les rochers, elles trouuent quelque fois des iointures et veines esdits rochers, et ayans trouué tant peu soit-il d’aspiration, soit terue, ou fente, ou quoy que ce soit, lesdites eaux prendront leurs cours deuers la partie pendante, pourueu qu’elles trouuent tant peu soit-il d’ouuerture : et de là vient le plus souuent, que des rochers et lieux montueux sortent plusieurs belles fontaines : et de tant plus elles viennent de loin, sortans et passans par des bonnes terres, d’autant plus lesdites eaux seront saines et purifiees, et de bonne saueur. Aussi communement les eaux qui sortent desdits rochers, sont plus salees, et de meilleur goust que les autres,