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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/94

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uerent massifs, c’est signe et euidente preuue qu’il y auoit assez de matiere pour remplir la fosse ; et ceux qui estoient creux, c’est qu’il y auoit vne superfluité d’eau, laquelle s’estoit dessechee, pendant que la congelation se faisoit aux extremes parties : et quand l’humidité du milieu se dessechoit, les matieres propres pour le caillou, demeuroient fermes et congelees par le dedans, comme petites pointes de diamant. Ie ne te dis chose, que ie ne te monstre de quoy, si tu veux venir en mon cabinet, car ie te monstreray de toutes especes de pierres, que ie t’ay parlé. I’ay trouué quelques especes de cailloux, qui ont vn trou ou canal, qui passe tout à trauers desdits cailloux, cela m’a faict asseurement croire, que l’eau qui apportoit les matieres du caillou, passoit tout à trauers, pendant que ledit caillou se congeloit : et parce que le cours de l’eau ne trouuoit aucune fermure qui l’arrestast, elle a tousiours passé à trauers dudit caillou, et en passant en ceste sorte, la vistesse de l’eau a empesché qu’il ne se fist congelation au milieu dudit caillou : dont s’en est ensuiui, que le caillou est demeuré creux comme vne canelle tout à trauers. Tu peux prendre cest exemple par les ruisseaux courans au temps des gelees, lesquels se congelent aux extremitez, mais non pas au cours principal, à cause de la vistesse de l’eau. Il y a vn autre exemple, qui m’a fait croire, que les pierres ont esté congelees de certaine liqueur, par la vertu du sel. Quelquefois ainsi que i’allois de Xaintes à Marepnes, passant par les brandes[1] de sainct Sorlin, ie vy certains manouuriers, qui tiroient de la terre d’argile, pour faire de la thuile : et ainsi que i’estois arresté, pour contempler la nature de la terre susdite, i’apperceu vn grand nombre de petits tourteaux de marcacites (pyrites), qui se trouuoient parmy ladite terre : et ayant contemplé plus outre, ie cogneus que lesdites pierres de marcacites auoient vne forme telle, comme si quelqu’vn auoit coulé de la cire fondue petit à petit auec vne cuillere : car lesdites marcacites estoient faites par rotonditez conglacees, la premiere plus euasee que la seconde, et la seconde plus que la tierce, et consequemment toutes les circulations et rotonditez estoyent faites en appetissant, en montant en haut, et en la fin de ladite pierre, il y auoit vne pointe, qui me faisoit naturellement cognoistre, que c’estoit la fin et derniere goutte

  1. Bruyères, terres incultes.