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Page:Palissy - Oeuvres complètes (P. A. Cap, 1844).djvu/95

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de la liqueur, qui auoit distillé lorsque lesdites marcacites se congeloyent : si de cela tu ne me veux croire, va t’en ausdits terriers, et tu trouueras quantité desdites marcacites, et si tu les gardes long temps, tu trouueras qu’elles chaumeniront (durciront), et taste au bout de la langue, et tu trouueras qu’elles sont salees, qui te fera croire, que les metaux ont en eux du sel, aussi bien comme les pierres : car les marcacites ne sont autre chose, que commencement de quelque metal : et qu’ainsi ne soit, pren deux desdites pierres, et les frotte l’vne contre l’autre, et tu trouueras qu’elles sentiront comme le souffre, et mesme si tu les frappes, il en sortira du feu, comme fait des autres mines de metaux. Ie te veux alleguer encore un exemple de la congelation des cailloux. Quelque fois que i’estois à Tours durant les grands iours de Paris, qui estoyent lors audit Tours, il y eut vn grand Vicaire dudit Tours, Abbé de Turpenay, et maistre des requestes de la Royne de Nauarre, homme Philosophe et amateur des lettres, et des bonnes inuentions, il me monstra en son cabinet plusieurs et diuerses pierres : mais entre toutes les plus admirables, il me monstra vne grande quantité de cailloux blancs, formez à la propre semblance de dragees de diuerses façons, et en faisoit ledit Abbé plusieurs presens, comme de chose admirable : quelques iours apres, il me mena en son Abbaye de Turpenay, et en passant par vn village, qui est le long de la riuiere de Loire, il me monstra vne grande cauerne, par laquelle on alloit bien auant sous terre, par le dessous des rochers : et me dist, qu’au dedans de ladite cauerne, il y auoit un rocher, duquel tomboit de l’eau par petites gouttes, bien lentement : et en distillant, elle se congeloit, et se reduisoit en vne masse de caillou blanc, et me dit, qu’on mettoit par dessous l’eau qui distilloit de la paille, à fin que les gouttes qui distilleroyent, se congelassent sur ladite paille, pour faire des dragees (stalactites) de diuerses façons, et m’asseura ledit Abbé, que la dragee qu’il m’auoit monstree, auoit esté prinse en ce lieu là, et qu’elle auoit esté faite par le moyen susdit : aussi plusieurs gens dudit village m’attesterent la chose estre telle. Tu peux bien donc croire à present, que l’eau des pluyes qui passe à trauers des terres, qui sont au dessus du rocher, apporte quelque espece de sel, qui cause la congelation de ces pierres, qui est le propos que ie t’ay tousiours tenu. Cela