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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/110

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

comiques, ses audaces le servent auprès d’elle. Scribe, qui pétille de malice, n’agit guère et ne ressent point la passion ; Dumas n’a tout son esprit que dans le plein de l’action passionnée. Même dans la comédie, il est dramaturge.

Je ne pense pas qu’il ait rien produit sur le théâtre de plus spirituel qu’Halifax, comédie en deux actes et un prologue, ou plutôt drame où la gaîté abonde, avec enlèvements, cachettes, substitutions de personnes, steeple-chase, collier de ma mère, reconnaissance : « Ta femme, c’est ma fille ! » et des bénédictions finales à souhait. Tout cela s’engrène en un mouvement endiablé qui rappelle Richard Darlington, après un début qui renouvelle agréablement les prouesses belliqueuses de M. Kean. Dumas n’a pas eu trop de sa verve lancée à bride abattue pour maintenir cette comédie sur la pente comique. Dès les premières scènes Halifax-Figaro, à qui un duel quotidien est nécessaire, en a deux sur les bras. Le mouvement et l’entrain rajeunissent nombre de situations déjà vues. Halifax, épié par sir John Dumbar, comme autrefois Britannicus par Néron, fait à Jenny une déclaration à rebours, qui nous met en des transes délicieuses. « Si un étranger, un inconnu, parût-il riche, eût-il l’air d’un gentilhomme, fût-il beau garçon, venait de but en blanc vous faire la cour… — Oh ! je saurais ce que j’en dois penser. — Vous dire que vous êtes jolie… — Je ne me laisserais pas prendre à ses flatteries, soyez tranquille. — Vous offrir sa main ? — Je la refuserais. — Très bien, c’est très bien, mon enfant… — Vous la refuseriez donc ? — Oh ! oui. — De sorte