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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/114

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

d’abord au jeu, et ce jeu est tout à fait dans ses moyens.

Du moment qu’il s’agit d’entreprendre contre la vertu d’une femme directement ou de biais, il est à son affaire. Dès la scène du sequin, qui ouvre spirituellement la pièce, la passion fermente, et pour spirituelle que soit la rupture de Richelieu avec la de Prie, elle n’en relève pas moins de cet esprit qu’une femme ne pardonne guère. Jalousie et caprice excitent la verve de Dumas, en attendant mieux. Voilà tout ce monde pimpant qui s’agite dans ce milieu des grâces faciles et frivoles, à ce qu’il paraît, mais bientôt capables de ressentiment et de colère. Tous les moyens dramatiques dont Dumas a déjà tant usé, jeux d’amour et jeux de hasard, cabinets cachés, portes secrètes, passes d’armes galantes, tout cela reparaît dans cette comédie empreinte de jeunesse et d’agrément. En vérité, la tempête se prépare entre les panneaux du style rocaille, sous les plafonds fleuris et les Embarquements pour Cythère, dans ce boudoir où les Jeux et les Ris s’ébattent parmi les Amours roses. Et Richelieu propose le pari qu’on sait : il s’engage à « obtenir de la première fille, femme ou veuve que nous verrons, soit ici, soit en sortant du château, un rendez-vous dans les vingt-quatre heures, un rendez-vous d’amour, dans la chambre de la passante, à minuit ». On n’est pas plus agréablement fat. La de Prie se fait annoncer. « Ah ! celle-ci ne compte pas, messieurs ; je vous volerais votre argent. » On n’est pas plus impertinent. Mlle de Belle-Isle, qui vient supplier la favorite en faveur de son père et de ses deux frères enfermés à la Bastille, se montre au