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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/115

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LES COMÉDIES.

fond de la galerie. M. d’Aubigny s’avance et tient le pari de Richelieu : « J’épouse dans trois jours celle que M. de Richelieu doit déshonorer dans les vingt-quatre heures ! »

Le second acte est consacré à réexécution du pari, la marquise de Prie prenant sous sa protection la jeune fille et trompant Richelieu par une ruse de femme. À l’heure marquée, Mlle de Belle-Isle part dans un carrosse pour voir son père à la Bastille et la marquise s’enferme, se fortifie, prête à mener à bien sa vengeance. L’obscurité se fait ; Richelieu entre en conquérant, et lance à d’Aubigny le billet qui atteste sa présence à minuit, dans la chambre de la passante. Et il s’occupe à gagner sa gageure. Ici finit la comédie. Nous pensions avoir lié partie avec un Watteau ou un Marivaux ; et nous avons toujours affaire à notre Dumas, grand brasseur de passion. Serons-nous donc toujours dupes des affiches et des titres ?

Ici s’engrène le drame, annoncé dès l’acte II par l’intervention de d’Aubigny et la rancune de la de Prie. Oui, les Ris et les Jeux s’égayent sur les panneaux ; et les visages poudrés minaudent. Mais voici qu’une mouche les pique, qui n’est pas peinte sur le visage. Le pathétique s’élabore dans les salons de la coquette. Travers et ridicules sourient à l’observateur superficiel. Mais perdre de réputation une jeune fille pure, orpheline de mère, éprouvée par le malheur, sans défense ni appui, ceci n’est plus jeu. Il ne s’agit plus de marivaudage : et Dumas, malin, s’en réjouit. Il sait si bien son fait qu’il confie à Mlle Mars, la duchesse de Guise dans Henri III et sa