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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/116

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

Cour, le rôle de Mlle de Belle-Isle, non celui de la de Prie, plus brillant et moins dramatique, et que réclamaient pour elle ses faux amis.

Dès le début de l’acte III la passion perce dans une scène d’explication entre d’Aubigny et sa fiancée, l’un accusateur et toujours amant, l’autre liée par son serment de se taire sur sa visite à la Bastille, et mise dans l’impossibilité de se défendre. Cette évolution de la pièce est encore plus manifeste, lorsque Richelieu paraît devant la jeune fille (dont le fiancé écoute dans le cabinet voisin), et affecte avec son impertinence de roué je ne sais quel air de discrétion compromettante, à la façon d’un Casanova expert aux honnêtes retraites : « Je comprends ; que ne me disiez-vous par un signe que quelqu’un nous écoutait ? » Même la situation est si forte et l’angoisse si pathétique, que le drame fait brèche avec ses éclats coutumiers : « Monsieur le duc, il y a quelque chose d’infernal dans ce que vous me dites ! » Et d’Aubigny de rentrer en scène et d’accabler de son doute affligé, de ses efforts de pardon une innocente victime de la comédie du début. Et cet acte III se termine par le cri des héroïnes au supplice : « Mon Dieu ! mon Dieu ! ayez pitié de moi ! »

Dans le bal de l’acte IV, ou plutôt au milieu des tables de jeu, à l’écart des danses, la pièce entre si franchement dans le mouvement dramatique et la passion est si vivement remuée que, malgré la désinvolture du dialogue et en dépit de « cette histoire des Mille et une Nuits », la marquise de Prie (qui pouvait d’un mot nous remettre en gaîté, éclaircir le quiproquo et montrer à Richelieu son béjaune),