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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/118

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

donne par une pensée qui lui vient de Dieu. Antony s’était roulé sur les dalles d’une église. D’Aubigny s’y est agenouillé pleurant et priant. Reconnaissons que le pathétique est ici plus mesuré. Mais le temps presse, comme dans Antony ; les heures jouent leur rôle. Il est sept heures ; et, à neuf, d’Aubigny doit acquitter sa dette. La passion s’emporte, les courages s’attendrissent. La marquise, qui seule pourrait délier Mlle de Belle-Isle de son serment, ne paraît point. Oh ! qu’avec art ce dramatiste nous tient suspendus à l’émotion dramatique ! Mais enfin d’Aubigny annonce à sa fiancée l’arrestation de la de Prie, maîtresse du duc de Bourbon tombé en disgrâce. Et Mlle de Belle-Isle révèle son alibi de la Bastille. D’Aubigny, rassuré sur la vertu de sa fiancée, n’a plus qu’à mourir. Mais mourir sans tirer sa raison ! Il faut, il faut qu’il retrouve avant neuf heures l’impertinent Richelieu et le tue, pour être libre de se réfugier ensemble, elle et lui, dans la mort. Ainsi cette œuvre, poudrée à frimas, pensa finir sur une triple tuerie, tout comme les furieuses saynettes de Clara Gazul, si Richelieu ne revenait calmer les courages émus, éclaircir le quiproquo, et tourner la chose en gaîté attendrie. Il n’en sera qu’un mariage et deux amis de plus : l’esprit souffle où il veut. Mais avouez qu’il se faisait temps qu’une scène amusante dénouât ces deux actes de comédie ajustés à un drame en trois actes : M. Victorien Sardou n’oubliera point cette formule.

Il est arrivé juste une fois à ce génie dramatique de s’engager dans une œuvre d’analyse. « J’avais,