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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/119

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LES COMÉDIES.

dit-il bonnement, au fond de l’esprit un sujet de Mariage sous Louis XV, sujet peu neuf, mais qui pouvait être rajeuni par des détails spirituels. » Certes, Dumas avait assez de fantaisie naturelle pour justifier cette ambition. Il n’ennuie jamais : et partant, il peut sans crainte rivaliser avec La Chaussée (la Fausse Antipathie, le Préjugé à la mode). Mais pour mener à bien cette idée, il fallait un psychologue comme Marivaux (les Fausses Confidences) ou un peintre des mœurs sociales comme Émile Augier (le Gendre de M. Poirier) ou même comme le Dumas d’Antony. Le Dumas d’Un Mariage sous Louis XV n’a risqué que l’enjeu de son esprit.

Le comte de Candale et une pensionnaire d’un couvent de Soissons, Mlle de Torigny, contractent un mariage de convenance qu’un commandeur à majorat (voir le Père de famille de Diderot) a décidé. Il va sans dire que ni le comte n’affronte le ridicule d’aimer sa femme, ni la comtesse n’encourt celui d’aimer son mari. Tous deux apportent en ménage un reliquat du sentiment : une inclination de couventine pour certain chevalier de Valclos, voilà pour la comtesse ; un engagement moins naïf avec une marquise moins ingénue, voilà pour le comte. Édouard Pailleron, qui reprit plus tard cette situation dans la Souris, excellait à noter les transformations sentimentales de la jeune fille. Mais il se gardait de disposer sa pièce en un quadrille. Dumas, qui est un inventeur d’une autre encolure, tombe pourtant dans ce défaut d’abord. Le problème pour un analyste comique était d’amener ces époux unis d’intérêt et d’indifférence à se refroidir sur les sen-