Aller au contenu

Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
109
LES COMÉDIES.

qui me renseigne directement par l’ingéniosité de la mise en œuvre. Au lieu de me faire lire ces sentiments dans les cœurs, on s’ingénie à trouver des jeux de scène, qui sont des indices pour le regard et non des signes pour l’intelligence. Ce n’est pas un progrès continu de la sensibilité qu’on nous fait paraître, mais une suite de truchements et avertissements. Dès que nous entrons dans une phase nouvelle, l’aiguilleur du haut de son poste manœuvre les voies et les signaux. Parce qu’il a ouvert la voie montante ou descendante, Dumas pense que nous y sommes naturellement engagés. La comtesse désire-t-elle avoir un équipage, entendez qu’elle prend la direction de l’amour conjugal ; si le comte refuse, la ligne de jalousie est ouverte. Notes et missives se suivent, pour éviter une fausse manœuvre ou quelque accident à la bifurcation. Tout est si bien ordonné et prévu que toutes ces indications, signaux et bulletins se mêlent et se brouillent ; que les personnages hésitent et s’étonnent ; que l’un va jusqu’à déclarer qu’on lui « rendrait un fier service de lui dire ce qu’il fait ici ». Et l’on réfléchit que ces sentiments si adroitement agencés ne semblent pas indiscutables ; que, si sur certaines complexions d’hommes un peu las la coquetterie produit des effets sûrs, il n’est pas du tout avéré que, débutant par le caprice et jouant de l’esprit, elle aboutisse infailliblement à la jalousie et à l’amour ; et qu’enfin (pour pousser à bout cette comparaison digne d’un ingénieur préposé aux enclanchements), cette mécanique exploitation de la psychologie ne pouvait, comme sur nos grandes