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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/131

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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

disait le poète, qu’au roman narratif, au roman épistolaire un esprit créateur substitue le roman dramatique, dans lequel l’action se déroule en tableaux vrais et variés, comme se déroulent les événements réels de la vie ; qui ne connaisse d’autre division que celle des différentes scènes à développer ; qui soit enfin un long drame où les descriptions suppléeraient aux décorations et aux costumes… » En sorte que, réalisant cette hypothèse, Dumas recevait de Scott la même impulsion et les mêmes services que sur le théâtre, et trouvait dans sa propre nature les mêmes ressources de vigueur, de gaîté, de sensibilité et de vitalité. Ce n’était pas assez pour reconstituer l’histoire ; mais c’était justement ce qu’il fallait pour en populariser le roman.

Il faut convenir qu’Isabel de Bavière, son coup d’essai, manque de suite et d’unité, et que c’était préluder étrangement à une série de Chroniques de France, que de compulser l’Histoire des ducs de Bourgogne, à la bonne franquette. Il n’est que de s’entendre. Dumas, à qui les prétentions ne font pas défaut, eut d’emblée celle d’être un historien. Le succès de l’emphatique compilation Gaule et France le grisa. Pendant longtemps il donnera des suites à ses premières chroniques : Jehanne la Pucelle, Louis XI, jusqu’au Drame de 93… Voyez au tome IX de Mes Mémoires comment il apprit l’histoire pour vous bien réjouir de la façon dont il l’ignora d’abord. Un article du Journal des Débats (26 nov. 1833) l’avertit à propos que cette science est plus difficile à pratiquer et veut un plus long apprentissage. On a pu reprocher à Michelet les lacunes de