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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/140

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

rante-Cinq) « revêtent avec la cuirasse la force fabuleuse d’Hercule néméen » ; même frère Gorenflot, digne fils de Rabelais, ébranle de son puissant « gueuloir » les vitres d’hostelleries ; et le brave Bussy (la Dame de Monsoreau) ne fait une si belle mort, que parce que, tenant tête aux bandits de Monsoreau, il est, au fort de la lutte, « dans un de ces moments où la créature atteint l’apogée de la perfection ». Que dire de la fin épique de Porthos, où l’homme entre en lutte avec la nature même, pareil à un Titan ?

Consilio manuque est leur devise dans le roman et dans le drame. Bras solide, volonté trempée comme la lame des rapières, esprit lucide, rapidité de décision et d’exécution, courage à toute épreuve, constituent un fonds de solide vertu qui charme encore le peuple que nous sommes. Joignez-y le point d’honneur avec un rien de vanité. Voilà le caractère essentiel de ces beaux jeunes hommes. Tout ce qui n’est pas cela n’est que traîtrise et perfidie. Haro sur le Monsoreau ! Mais ces qualités suffisent à transfigurer les pires aventuriers de l’histoire. Respect au chevalier de Maison-Rouge ! Même les femmes n’échappent pas à cette double obligation de cultiver l’honneur et d’exercer la volonté. Catherine de Médicis (la Reine Margot) et Milady (les Trois Mousquetaires), à qui l’un des deux mérites ne fait point défaut, voient leurs plans déjoués, faute de l’autre. Si l’énergie, ainsi nationalisée, risque d’allonger les romans pour peu que soit lointain le but qu’elle se propose, elle n’y laisse du moins nulle place à la métaphysique ni à l’ennui. Non, non, ces