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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/141

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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

géants romanesques, qui, après nombre de volumes grossis de leurs exploits quotidiens, meurent galamment, l’épée en main et le sourire aux lèvres, ne ressemblent guère à des idéologues. Légendaires ils sont, parce qu’ils sont français. D’une France à jamais évanouie ? L’avenir le dira. Mais s’ils ne représentent pas, Dieu merci, toutes les qualités de la race qui a produit le Béarnais, Corneille et Napoléon, ils en ont plus qu’un certain air et tour de physionomie, indubitablement.

Même les rois passent sous cette toise de l’énergie. C’est dire que ces puissances manquent un peu de mérite. Cela n’est point pour étonner les fils de la Révolution. Ces princes ne trouvent grâce en ces aventures que selon la mesure où ils représentent nos qualités foncières. Il faut choisir parmi le fatras des feuilletons. Mais tranchons le mot : le roman de Dumas n’a pas trahi l’histoire. Les hommes que furent ces rois sont pris en leur exacte mesure. Dumas a évoqué les petits Valois en des portraits saisissants, et qui ne manquent point leur but, lequel est de nous consoler d’être nés parmi le peuple. Il semble que la royauté tarisse et contamine en eux les sources de l’action. Ils sont sujets à des accès de volonté qui s’énervent en des crises d’impuissance. Charles IX, ardent, intelligent et enclin aux grandes choses, ce prince qui est poète, diplomate, audacieux, s’épuise à gouverner un Louvre tout machiné de chausse-trapes ; on le voit sans cesse occupé à débrider ses instincts et réprimer ses élans, tortueux, subtil, bien craignant Dieu, les Guise et sa mère. Il n’est véritablement homme qu’à la chasse et aussi