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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/144

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

ne font ici l’affaire. Il nous faut l’amour volcanique et fatal, qui bouleverse la vie des hommes et des peuples et les précipite en des péripéties émouvantes. Il y a quelque trois cents ans que nous n’en connaissons guère d’autre sur le théâtre. Pourquoi ne le point faire rentrer dans le roman, fût-ce sous le couvert de l’histoire ? Non seulement la passion, ainsi conçue comme une autre énergie, explique tous les grands événements du passé, mais elle est aussi une mesure des hommes. Plus elle touche au paroxysme, ou tient de la frénésie, plus l’individu s’élève au-dessus du commun dans toutes ses actions. Il n’est que juste de retenir que par cette conception romanesque des événements et des caractères historiques, Dumas ne se sépare pas de ses contemporains. On en trouvera dans le Rouge et le Noir des preuves notables. Elles ne manquent pas ailleurs. « Il en est de même des grandes passions ; elles prennent d’étranges aspects selon nos caractères ; mais qu’elles sont terribles dans les cœurs vigoureux qui ont conservé leur force sous le voile des formes sociales (Cinq-Mars) ! » Ce jeune cœur vigoureux n’est autre que M. le Grand, Henri d’Effiat, marquis de Cinq-Mars, conspirateur par amour, héros d’un roman historique écrit par un artiste qui fut un penseur, Alfred de Vigny. Et après la théorie, l’application. « Eh bien, oui, rebelle, mais non plus favori ! Rebelle, criminel, digne de l’échafaud, je le sais ! s’écria ce jeune homme passionné en retombant à genoux ; mais rebelle par amour, rebelle pour vous, que mon épée va reconquérir tout entière » (Ibid.)

« Tout entière » est une devise conforme aux