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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/150

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

se cambrent, s’intriguent et s’évertuent. Le bidet de d’Artagnan, le baudrier de Porthos, le surplis d’Aramis, le Rochefort qui s’appelle Rosnay dans les Mémoires, le ménage Bonacieux, la perfide Milady, la gloriole de la casaque, la rivalité des Mousquetaires du roi et de ceux du Cardinal, les duels, la mort de Jussac, le jeu de Paume, l’enquête de M. de Tréville, l’audience du roi, la colère de Richelieu, vous trouverez dans Courtils tout ce qui précise les physionomies et distingue les types qui évoluent entre le Louvre, la rue du Vieux-Colombier et le Pré-aux-Clercs.

Dumas emprunte, mais Dumas choisit. Il se réjouit de ranimer cette époque de Louis XIII plus qu’à moitié romantique. Mais à travers les mœurs militaires ou galantes il peint l’âme française, il en exalte l’énergie brillante et avisée, qui conserve son prestige. Dumas choisit, parce que, sans emphase, il aime son pays et respecte ses lecteurs. Il n’aligne pas sur le terrain un Aramis travaillé par la colique. Il n’omet point la complexion voluptueuse de Milady ; elle est anglaise, et de bonne prise ; mais il se garde de reproduire certain billet de cette terrible ingénue. Ce n’est pas lui qui écrirait tout uniment : « Madame lui répondit que son nez l’incommoderait trop dans son lit, pour qu’il lui fût possible d’y demeurer ensemble. » (Histoire d’Henriette d’Angleterre.) Il reste en deçà des libertés que prend cette charmante La Fayette. Il sait qu’au xviie siècle les petits cadeaux soutiennent la galanterie des amoureux : il indique ces usages, il les excuse, au besoin, sans les souligner. Il cueille le mot pittoresque, qui donne la