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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/151

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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

couleur ou la vivacité au récit. « Si c’est ainsi que vous faites votre charge ! » s’écrie Louis XIII, fâché contre M. de Tréville. « C’est un enfant ! » dit Athos croisant le fer contre « l’apprenti mousquetaire », qui a nom d’Artagnan. D’ordinaire, il adoucit le trait, si la vérité, trop crue ou choquante, dépare le caractère français ou l’abaisse dans l’esprit public. Il ne fausse point, il atténue avec discrétion ou esprit. Quand Courtils est trop libre, Dumas rompt avec lui pour demander au Roman comique des croquis plus amusants (portrait de Volichon), des manœuvres plus adroites (Porthos à l’église), et, sans trop manquer à l’histoire, ne consent point à trahir notre renom. Il emprunte aux mémoires de La Porte l’enlèvement de Bonacieux calqué sur celui du valet de chambre d’Anne d’Autriche, parce que, bon Français, il ne manque pas à publier les méchants procédés d’un ministre. S’agit-il de dénoncer la fanfaronnerie des Anglais, il trouve chez Tallemant des Réaux (Historiette 139) un « Fontenay coup d’épée » qu’il dénationalise ; de célébrer la furia francese, il transforme en un fragment d’épopée une escapade des nôtres au siège de Casai en 1630. « Un grand nombre d’officiers de la garnison soupant un jour ensemble, M. de Baradas propose d’aller danser sur une demi-lune, d’y boire à la santé de tous les princes chrétiens et de terminer par celle de Spinola. L’invitation est reçue avec enthousiasme par les convives, et l’on part. Un trompette et un aveugle avec sa vielle servent d’orchestre, et l’on danse. Or cette demi-lune était minée, et les Espagnols y mettent le feu. » (Histoire de l’inf. française, Susane, IV,