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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/178

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

hermétiquement fermés », tout prêts à profiter du mouvement populaire, après le danger. Il dénonce la conduite timorée et oblique de ces gens-là, et l’œuvre de réaction qu’ils accomplissent sourdement, le jour même que le peuple triomphe. Il les juge avec la naïveté d’un bon dramaturge : comme si les révolutions changeaient autre chose que la forme d’un gouvernement, et comme si, la bourrasque passée, on ne retrouvait pas immanquablement aux bonnes places le même personnel ! Les hommes simples meurent pour leurs idées, et avec eux meurent leurs illusions. Dumas ne meurt point ; tout de même il est un simple. Cette fièvre populaire, qui gagna les faubourgs, il l’a ressentie et décrite fidèlement. Il l’a traitée comme une passion.

La gaîté de cette révolution ne lui a pas davantage échappé. Il y trouve « un côté prodigieusement récréatif ». Il rencontre des traits d’observation amusante. Il n’a garde d’oublier les tambours, venus on ne sait d’où, qui « suintent des murs et sortent des pavés » ; ni ces gamins de Paris qui prennent la tête de toutes les bandes et se font tuer comme par fanfaronnade. Même la bêtise humaine lui donne un instant l’envie de poser les armes. Chopin, tenancier du manège du Luxembourg, arrive au galop de son cheval blanc sur la place de l’Odéon, vêtu d’une redingote boutonnée, coiffé du tricorne, la main derrière le dos. La ressemblance est si frappante que tous ces révolutionnaires se mettent « à crier d’un seul élan et d’une voix unanime : « Vive l’Empereur ! » Là-dessus une vieille femme fait le signe de la croix et pousse au ciel un soupir de con-