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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/179

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LE CONTEUR.

tentement : « Ô Jésus ! je ne mourrai donc pas sans l’avoir revu ! » N’y a-t-il pas de quoi dégoûter notre républicain de l’uniforme d’artilleur qui lui sied si bien ? Les personnages comiques ne manquent pas à ce drame : c’est un certain Dubourg, qui revêt du premier coup le costume de général et s’installe à l’Hôtel de Ville pour recevoir La Fayette ; et un « colonel Dumoulin, qui reparaît exactement à toutes les révolutions avec le même chapeau à plumes, le même sabre et la même écharpe ». Toutes les scènes, où se peint gaîment ou tristement l’esprit révolutionnaire, scènes dans la rue, les antichambres ou les salons, sont vivantes.

Mais l’imagination qui répand la vie, est aussi maîtresse d’illusion et d’erreur. Nous voyons bien circuler, de temps à autre, à travers le récit, des comparses qui se nomment François et Étienne Arago, La Fayette, Charras, Thiers, Carrel, Odilon Barrot, le duc de Raguse, Charles X, que sais-je ? Mais un seul citoyen est la cheville ouvrière de ces événements ; lui seul conduit, surveille, étend cette révolution. Les trois journées lui appartiennent. Il n’a pas pris le Louvre ; mais c’est tout comme, puisqu’il l’occupe, et y recueille un exemplaire de Christine relié en maroquin aux armes de France. Il s’établit à l’Hôtel de Ville, il y couche ; il est à la fois chez Laffitte et dans la rue ; il est partout, sauf à son domicile. Il désarçonne les postillons, prend d’assaut les poudrières, tire de sa poche d’énormes pistolets, des pistolets de théâtre, fait peur à la colonelle, exige la capitulation du commandant de place : le jour de gloire est arrivé ! En vain le chevalier de