Aller au contenu

Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
172
ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

tion littéraire le gâte. Toujours la jactance est la source des fautes de goût qui ne sont pas rares dans ses ouvrages, non plus que dans sa vie. Alors il s’applique à trouver des « torpeurs veloutées », des « idéalités amoureuses ». Il pense supérieurement écrire. S’il se pique de coquetterie, il « conquiert la fragilité des sentiments par la solidité des dons ». Dès qu’il raffine, méfiez-vous ; s’il subtilise, tout est perdu. « L’hésitation du provincial, vernis léger, fleur éphémère, duvet de la pêche, s’était évaporée au vent des conseils orthodoxes. » J’extrais ces gentillesses de ses meilleurs romans, la Dame de Monsoreau ou les Trois Mousquetaires. Non que son théâtre ne s’égaye parfois en la licence. Barbarismes et solécismes s’ébattent aux scènes de feu, comme lionceaux sur les sables ardents de l’Afrique. « Si son courage faillissait… Pourquoi senté-je ?… Je voudrais bien qu‘ils ne fuyassent point… » arrêtent le regard de fâcheuse façon. Bref, s’il n’est ni humaniste ni grammairien, l’on ne peut pas dire non plus que

Les nonchalances sont ses plus grands artifices.

Littéraire, — il emprunte de Schiller une manière de pathétique infernal, dont la banale brutalité ne le lasse point. Les poisons brisent les vases qui les renferment ; il lui faut vingt poignards pour fouiller un cœur ; Dieu et Satan font leur concert dans la nuit sinistre ; et le sang du crime « retombe pendant l’éternité, goutte à goutte, comme du plomb fondu ». Il brandit de terribles antithèses ; il s’arme d’effroyables ellipses. Par la violence poncive de ce