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L’INFLUENCE D’ALEXANDRE DUMAS.

et emprunté d’Un Mariage sous Louis XV la double confidence qui égaye le second acte de cette exquise fantaisie. M. Victorien Sardou, le plus prestigieux émule de Scribe, a retenu de Dumas la formule de la comédie dramatique, ou plutôt du drame juxtaposé à la comédie, ou encore de la comédie changée en drame par le sortilège de l’action : tels Nos Bons Villageois, la Famille Benoiton et quelques bonnes pièces indûment affichées sous le nom de comédie.

Mais où Dumas eut tout son génie il a conservé toute son influence. Son action s’exerça, continue et profonde, sur le drame du xixe siècle. Il n’y avait plus qu’à glaner après lui. Je n’entends pas seulement les drames et mélodrames de cape et d’épée, dont la Tour de Nesle demeure le chef-d’œuvre, et pour qui nombre de situations par lui inventées devinrent des traditions parmi les maîtres ouvriers de l’Ambigu. D’autres écrivains travaillèrent sous son buste, qui mirent plus haut leur visée. On trouvera le sujet et les scènes essentielles de Fanny Lear, de Meilhac et Halévy, dans Paul Jones. Et M. Victorien Sardou, lorsqu’il écrivit Patrie et la Haine, deux œuvres excellentes dans le genre historique, s’engagea franchement dans la voie tracée par Dumas. Mais comme il est, lui aussi, né dramatiste, il a innové en imitant, et s’attachant aux progrès de l’histoire et de l’archéologie, il a enfermé en des tableaux d’une minutieuse et authentique érudition des drames de passion intense. À présent qu’il règne à son tour sur la scène française, il est si éloigné de nier l’influence d’Alexandre Dumas, qu’il