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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/192

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

le proclame volontiers le premier homme de théâtre du siècle passé.

Oui, Dumas a tant remué la passion dramatique et en a tellement éprouvé les effets, que la comédie réaliste, après 1850, n’a point échappé à son action. Tout ce qui concerne le mécanisme revient à Scribe, tout ce qui relève de l’observation à Balzac, mais tout ce que l’imagination peut mettre en œuvre d’émotion et de pathétique doit être rapporté à l’auteur d’Antony. Quand Émile Augier et Jules Sandeau écrivent le Gendre de M. Poirier, ils voisinent avec Un Mariage sous Louis XV, ignorant sans doute le Préjugé à la mode de La Chaussée. Mais dès que la situation se tend et que l’amour entre en jeu, ils se rattachent ouvertement à Dumas. Tout le IIe acte d’Un Mariage sous Louis XV et aussi le dénoûment revivent dans le Gendre de M. Poirier. Lorsque le beau-père ouvre une lettre destinée à son gendre, il refait une scène de Teresa (IV, x). Sied-il de rappeler que, dans Maître Guérin, la pendule que nous vîmes jouer un rôle pathétique dans Antony, le reprend sur nouveaux frais ? Et faut-il redire tout ce qu’Alphonse Daudet et M. Jules Lemaître doivent à Richard Darlington ?

À quoi bon, s’il est vrai que Dumas a fourni à ses successeurs la technique du drame, et s’il est encore véritable que son plus immédiat successeur fut aussi son plus proche parent, Alexandre Dumas fils ? Certes, je ne prétends pas que « père et fils, ce soit la même chose », comme il est dit dans le Fils naturel. Mais l’un et l’autre poussent à bout la passion aussi rudement. La part d’hérédité est mani-