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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/194

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

une invective contre le tabac, ou la recette de la salade japonaise. Mais cependant la tempête fait rage. À l’air hautain dont ces hommes positifs se dressent entre la morale absolue et la morale relative, on dirait de philosophes styles par Taine. À leur intrépidité de bonne opinion, à leur robuste confiance, à leur imperturbable vanité, on reconnaît le sang d’Antony. Le syllogisme a remplacé le blasphème. Mais à considérer leurs convoitises, leurs ambitions, leur génie, nous ne saurions nous tromper. Il leur faut la naissance, la fortune, la particule, l’amour éternel, enfin tout. Avec leur ironie cinglante, ils sont jaloux ; et jaloux, ils pâlissent ; et pâles, ils broient le bras des femmes ou bousculent les enfants. Ce gentleman impeccable, qui a nom de Simerose, a mis en fuite, dès le premier tête-à-tête, l’épousée du matin. Car, après avoir poussé le raisonnement, ils poussent leur pointe furieusement. Le granit cache le volcan. Mais lorsque les laves en fusion font éclater l’écorce granitique, sauve qui peut ! Il est vrai que filles et femmes, hormis Jane de Simerose, ne se sauvent guère, ayant peu ou prou hérité la complexion de leurs mères, Adèle ou Angèle. D’après l’importance que prennent l’adultère et la séduction sur ce théâtre, on s’avise de qui elles sont nées.

« La cause ?… la cause ? » dit Othello entrant dans la chambre de Desdémone. La cause est ici la passion dramatique. À mesure qu’Alexandre Dumas fils s’élève du réalisme positif à l’idéalisme moral, la vigoureuse imagination paternelle agit davantage sur lui. À dater des Idées de Madame Aubray, il se