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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/27

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L’HOMME ET SON TEMPS.

homme suédois banni de son pays, chassé de France pendant la Révolution, exilé en Belgique après le second retour des Bourbons, extradé à raison d’un article publié à Bruxelles dans le Nain Jaune, et qui s’était un moment réfugié au château de Villers-Hélon près de Villers-Cotterets, — Adolphe de Leuven eut sur la destinée de Dumas une influence décisive. Chaque année, à la saison d’été, il revenait dans l’Aisne, traînant après lui l’atmosphère de Paris. Adolphe a ses entrées dans les théâtres et cabinets directoriaux ; il connaît Arnault, Scribe, Soulié, Talma, Mlle Duchesnois ; il est un frôleur de réputations ; il hante les coulisses ; il en répercute les échos. On devine l’effet que produisent sur notre demi-nègre ses propos alléchants. De Paris il lui adresse les ouvrages du jour : le Louis IX d’Ancelot et les Vêpres siciliennes de Casimir Delavigne. Il est vrai que Dumas se montre réfractaire à cette littérature timide. Mais en 1820, il reçoit Ivanhoe ; il en tire un mélodrame en trois actes et à grand spectacle, qui est son premier ouvrage. Quelques mois plus tard, il le présentait à Mlle Lévesque, actrice renommée et directrice de l’Ambigu, qui le régala de cette réponse officielle : « Dans ce moment ici nous montons deux ouvrages de Pixérécourt, et nous regorgeons de pièces. » Auparavant, il avait reçu de son ami la proposition de faire en société un vaudeville en un acte, le Major de Strasbourg. C’était l’époque des pièces patriotiques où Français rimait à succès, guerriers à lauriers, où chaque soirée vengeait Waterloo « sur les champs de bataille du Gymnase et des Variétés ». Dumas exécuta le cou-