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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/28

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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

plet de facture, qui ravit le suffrage de son collaborateur.

Son cœur revoie aux champs de l’Allemagne !
Il croit encor voir les Français vainqueurs.

Lui-même en fut transporté. « À l’œuvre, futur Schiller, s’écrie-t-il trente ans plus tard en consignant ce souvenir dans ses Mémoires ; à l’œuvre, futur Walter Scott, à l’œuvre ! » Le malheur voulut que les directeurs parisiens fussent moins enthousiastes et que les faveurs, dont jouissait Adolphe dans les théâtres, ne s’étendissent pas à ses pièces. Mais la foi de Dumas était robuste. Pendant quelque temps encore, il s’essaye, avec son initiateur, à un vaudeville, le Dîner d’amis, à un drame, les Abencérages ; le démon de la scène s’agite en lui. Paris l’attire. Clerc de notaire à Crépy, il part avec un camarade pour la capitale, tous deux vivant du produit de leur chasse. Au débotté, Adolphe l’introduit dans la loge de Talma, sanctuaire redoutable, dont l’élite des hommes célèbres envahit le portique ; et le tragédien baptise poète l’apprenti tabellion, au nom de Shakspeare, Corneille et Schiller, Trinité sainte, mais peu familière à notre néophyte : car, s’il avait « de l’enthousiasme », selon le mot de l’acteur emphatique, sa science était courte. En revanche, il demeurait étranger aux théories et doctrines, partant plus proche de la nature et du peuple.

De Leuven, l’ayant mis sur le chemin de sa vocation, lui ouvrait en même temps les avenues de son époque. Revenu à Paris, Dumas entre en qualité d’expéditionnaire dans les bureaux du duc d’Orléans,