Aller au contenu

Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
LE DRAME HISTORIQUE ET POPULAIRE.

Et si vous voulez voir nettement à quel point l’histoire est remplie d’aventures merveilleuses qui défient le drame et le feuilleton, je dis les plus chargés d’incidents, commentez le Chevalier de Maison-Rouge d’Alexandre Dumas par le livre érudit qu’a consacré M. G. Lenôtre au Vrai Chevalier de Maison-Rouge, A. D. J. Gonze de Rougeville, 1761-1814. Ou je me trompe, ou vous admirerez la discrétion non moins que la pudeur de notre dramatiste. Qu’est-ce donc ?

La conjuration de Catilina échoue sur le théâtre, parce que, quinze années après son escapade, le séducteur retrouve le fils de la Vestale ; la conspiration de Maison-Rouge avorte, à cause que ce pur héros (qui parle d’un louche aventurier ?) est amoureux de la reine. La part du cœur, comme dit Dumas, nuit à celle de l’histoire. Depuis que Figaro, en un long monologue substantiel, affirmant sa personnalité, épancha aussi sa sensibilité, le drame historique fut indissolument lié au drame populaire. C’est-à-dire qu’il devint une ambition chimérique, dès la première heure, et qu’il en faut prendre son parti. Le cadre est exact, l’histoire revit entre les portants du décor, sous les apparences de personnages parlants, agissants et souffrants dans l’atmosphère de leur époque. Mais ils ne vivent que de la passion contemporaine. Ces neveux de Figaro tiennent trop à leur moi sensible, au « petit animal folâtre », pour s’aliéner tout entiers en la pensée d’un autre temps. Le « tandis que moi, morbleu ! » est au fond de tous ces cœurs, « Femme ! femme ! femme ! » éclate à tout coup sur leurs lèvres. Certes, la passion est éternelle et universelle, mais la manière dont les hommes