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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/79

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LE DRAME MODERNE.

la faveur d’exprimer ses remercîments d’adieu. Le moyen pour une femme de s’y soustraire, quand elle est du monde ? La première version de la pièce n’était qu’une ardente et lyrique déclaration d’amour, coupée par une visite. À quel point Dumas a transformé cet acte et quel élan en reçoit le drame, on le voit de reste. Par une suite de contingences assez fréquentes dans les salons, la conversation prend obstinément le tour qui permet à Antony d’exhaler sa passion à travers son ressentiment. Hasard qui préside à sa vie, naissance qui l’isole, préjugés qui le contraignent lui sont autant de motifs d’attaquer la société de biais ou de front ; au vrai, ses déclamations sont comme des épées. « Malheur au monde qui vient me trouver jusqu’ici ! » Qui n’a pas senti sous ces répliques enflammées autre chose qu’un lyrisme d’emprunt, n’a point entendu ce second acte. Adèle, femme d’un colonel, et sans doute fille d’un vétéran de la Grande Armée, ne s’y est point méprise. À travers les blasphèmes et les exclamations amères à la façon de Werther ou de Byron, elle a distingué la passion impérieuse dont les lois du monde exaspèrent la fureur. Elle aussi, elle aime l’énergie ; à ces coups du cœur, qui sont comme des coups de force, elle va céder dans un coup de folie. Sa sœur paraît. « Eh ! le monde ne veut-il pas que je sois fausse ? C’est ce que la société appelle vertu, devoir…. » À demi reconquise par l’amour, à demi révoltée contre les obligations et conventions mondaines, elle s’enfuit à toutes brides vers son mari.

Après la scène de l’auberge, au troisième acte, Antony et Adèle, unis de sentiment, entrent en lutte