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Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/81

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LE DRAME MODERNE.

arrivent, puis Adèle, et enfin Antony. Le poète fait l’apologie du drame moderne et craint que les gens du monde ne comprennent point ces grandes passions qui bouillonnent sous le frac comme sous l’armure de fer. La prude intervient, au nom de la vérité ; elle affirme que ces passions se rencontrent et que certaines scènes n’en sont pas moins dramatiques pour s’être passées dans une chambre d’auberge. Héroïne d’auberge, chambre d’auberge, voilà ce que l’opinion ne pardonne point. Elle règle ses pudeurs sur son goût du confort. Antony se dresse de sa hauteur, parce qu’il n’est pas un homme du monde et qu’il sait mal ronger son frein. Il fait son procès à cette « société fausse », à ces à-peu-près de vertu qui montrent la corde ; et à la face de l’univers, il réclame justice, comme si la justice était de ce monde. Il parlerait comme Alceste, s’il avait plus d’éducation et moins d’égoïsme. Mais chacune de ses paroles est un esclandre qui s’abat sur Adèle. La pauvre femme plie sous les conséquences logiques de l’adultère. Après que la prude a fait une retraite scandalisée, la vicomtesse de petite vertu console son amie et la quitte pour M. Ernest, qui a succédé à M. Olivier et qui précède tout juste M. Frédéric. Antony, dont la passion s’est exaspérée dans la lutte, enivre Adèle de douces paroles et la tient embrassée, lorsque la petite vertu reparaît…. Qu’est-ce donc que le second acte d’Antony, sinon le défi de la passion ? Et qu’est-ce que le quatrième, sinon la revanche du monde ? Ces gens-ci sont de trop fraîche date pour se contenter des coups d’éventail ou d’épingle. Rejetée, stigmatisée, protégée, con-