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INFLUENCES ALLEMANDES.

est très difficile de jouer, on trouve un talent extraordinaire[1]. »


II

SCHILLER.

Schiller, non plus que Gœthe, ne fut un Shakespeare. Mais il a été celui de Dumas. Au théâtre, Hugo est plus Espagnol, Dumas plus imbu de germanisme. Il a relu très attentivement Shakespeare dans l’œuvre dramatique de Schiller. Et, naturellement, il y paraît.

Schiller écrit des « poèmes dramatiques ». Son imagination ne fléchit pas sans peine aux nécessités de la scène. Il sent vivement, il pense souvent avec force ; il souffre de restreindre sa pensée ou de contraindre son sentiment ; il est impatient des sacrifices imposés aux plus grands dramatistes par l’optique théâtrale. Il veut mettre trop de choses dans ses pièces ; l’expression historique, philosophique, lyrique, passionnée, vraie, de son modèle anglais le désespère. Il n’y atteint point. Non qu’il soit incapable de sortir de sa tour d’ivoire, d’observer et de caractériser des personnages. Mais tandis que la philosophie de son maître fait corps avec les dessous de l’observation et tient ferme au tréfonds de l’histoire ou du cœur humain, chez lui, comme chez beaucoup d’Allemands, elle est esclave de l’imagination. Il semble qu’ils ne voient clairement que

  1. De l’Allemagne, t. II, ch. xxi, p. 124. Et aussi p. 125 : « Comme il n’y a pas en Allemagne une capitule où l’on trouve réuni tout ce qu’il faut pour avoir un bon théâtre, les ouvrages dramatiques sont plus souvent lus que joués ; et de là vient que les auteurs composent leurs ouvrages d’après le point de vue de la lecture, et non pas d’après celui de la scène ». Remarque juste et trop oubliée.