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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/115

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INFLUENCES ALLEMANDES.

CARLOS.

Une lettre pour moi ? Pourquoi donc cette clef ?… si c’était un mensonge, avoue-le-moi franchement, et ne te raille pas de moi… Laisse-moi d’abord revenir à moi… C’est un autre ciel, un autre soleil que ceux qui existaient avant… Elle m’aime ?… Ce que tu as vu, tu m’entends ?… sans le voir, restera caché, comme en un cercueil, au plus profond de ton sein. Maintenant, va ! Je te trouverai, va ! Il ne faut pas qu’on nous rencontre ici. Va… Non, pourtant. Arrête ! Ecoute !… Tu emportes un terrible secret, qui, semblable à ces poisons violents, brise le vase où il est gardé… Maîtrise bien ta physionomie. Que jamais ta tête n’apprenne ce que ton sein recèle. Sois comme le porte-voix inanimé, qui reçoit et rend le son, et lui-même ne l’entend pas ! Tu es un enfant, sois-le toujours, et contrains ton rôle de libre gaîté… Qu’elle a bien su choisir son messager d’amour, la main avisée qui a écrit cette lettre. Ce n’est pas là que le roi cherche ses vipères.

LE PAGE.

Et moi, mon prince, je serai fier de me savoir possesseur d’un secret que le roi lui-même ignore.

CARLOS.

Folle vanité d’enfant ! C’est là ce qui doit te faire trembler !… S’il arrive que nous nous rencontrions en public, tu t’approcheras de moi d’un air timide et soumis. Que jamais ta vanité

SAINT-MÉGRIN.

Cette lettre et cette clef sont pour moi, dis-tu ? Jeune homme, ne cherche pas à m’abuser… Je ne connais pas son écriture… Avoue-le-moi, tu as voulu me tromper…

 
Je suis aimé !.… aimé !.… Oui, tu as raison, silence ! Et à toi aussi, jeune homme, silence !… Sois muet comme la tombe… Oublie ce que tu as fait, ce que tu as vu, ne te rappelle plus mon nom, ne te rappelle plus celui de ta maîtresse. Elle a montré de la prudence en te chargeant de ce message. Ce n’est point parmi les enfants qu’on doit craindre les délateurs.

Je suis aimé !.… aimé !.… Oui, tu as raison, silence ! Et à toi aussi, jeune homme, silence !… Sois muet comme la tombe… Oublie ce que tu as fait, ce que tu as vu, ne te rappelle plus mon nom, ne te rappelle plus celui de ta maîtresse. Elle a montré de la prudence en te chargeant de ce message. Ce n’est point parmi les

ARTHUR.

Et moi, comte, je suis fier d’avoir un secret à nous deux.


SAINT-MÉGRIN.
Oui,… mais un secret terrible, un de ces secrets qui tuent. Ah ! fais en sorte que ta physionomie ne te trahisse pas, que tes yeux ne le révèlent jamais… Tu es jeune : conserve la gaité