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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/139

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LE DRAME NATIONAL ET « HENRI III ».

ressources pathétiques du mélodrame et sut mettre à profit l’exemple et le public de Pixérécourt, a été plus clairvoyant dans le choix de la tradition française qu’il devait suivre. Il se rattache aussi à Beaumarchais, mais il tient Eugénie et la Mère coupable pour « la pire école de drame[1]  ».

Il en crut trouver une meilleure dans l’œuvre de Mérimée. Ce fougueux touche-à-tout subit l’influence de ce gentleman froid. Ne l’eût-il pas expressément déclaré[2], Don Juan de Marana suffirait à nous renseigner. Je crains d’ailleurs que ce cousinage ne soit encore un plaisant quiproquo, tout à fait digne du théâtre. J’ai indiqué que dans la Chronique du règne de Charles IX, Mérimée, écrivant un roman historique, raille finement les romanciers à la mode de Walter Scott. Le Théâtre de Clara Gazul me fait tout l’effet d’une mystification, d’une raillerie continue, dont Dumas fut dupe ; avec quel entrain, on s’en doute. C’est l’armature, l’écorché du drame national ; ou n’en serait-ce pas plutôt la critique la plus pénétrante ? Cette comédienne espagnole a tant d’esprit !

Pan, pan, pan ! — Les trois coups. — Le rideau se lève. — Ris, souffre, pleure, tue ! — Il est tué ! — Elle est morte ! — Fini. — Point de drame ; mais la trame. N’est-ce donc pas plus difficile que cela ? Ou ne serait-ce que la parodie ? Possible. La théorie et le rudiment ? Peut-être. La condamnation du drame historique ? Il faut voir. Et l’on voit dans le prologue des Espagnols en Danemark une fine moquerie des trois unités [3]. Mais

  1. Mes mémoires, t. IV, ch. xcvii, p. 115.
  2. Théâtre complet, t. I, p. 115, voir plus haut, p. 114.
  3. Théâtre de Clara Gazul, comédienne espagnole, Paris, H. Fournier, 1830. Les Espagnols en Danemark, prologue, p. 19. « Et les unités ?» — «  Ma foi, je ne sais pas ce qu’il en est. Je ne vais pas m’informer, pour juger d’une pièce, si l’événement se