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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/140

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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

tournez la page, et vous rencontrez ce couplet à l’adresse de la logique dramatique des petites causes et des grands effets, qui est celle de Figaro, de Pinto, d’Othello et de Fiesque, d’Henri III et de Ruy Blas, de la duchesse de Marlborough et de Bertrand et Raton : « Bagatelles ? Bagatelles ? Ah ! Élisa, dans les affaires rien n’est à dédaigner. C’est pourtant un poulet rôti qui m’a fait découvrir la cachette du général Pichegru[1] … » Voilà pour la valeur philosophique de ces événements de tréteaux. Quant à ces passions rudimentaires, que Mérimée simplifie encore, est-ce qu’en vérité le grotesque serait si proche du sublime ? Ainsi réduits, ces bouillons de l’âme nous effraient ; y faut-il voir la quintessence du drame, ou simplement le faux et le ridicule ? Une femme comparait devant le tribunal inquisiteur. Il n’est pas temps de rire. Mariquita, dont la profession (« diable !… je ne sais trop que dire ») est de « chanter, danser, jouer des castagnettes, etc., etc.[2]  », ôte son voile. Les trois juges sont amoureux. « Vive Dieu ! Quelle jolie fille ! » observent Rafaël et Domingo. Antonio, plus jeune, baisse les yeux, fait appeler le tortionnaire ; il est comme frappé de la foudre ; sa voix tremble ; il tombe évanoui[3], ni plus ni moins qu’Othello, tout à fait incapable de prier. À la seconde scène, il se voue à l’enfer. À la troisième, il crie : « Qu’est-ce que l’enfer, quand on est heureux comme moi ? » En une heure le saint homme est devenu fornicateur, parjure, assassin. « En voyant cette fin tragique, vous direz, je crois, conclut Mariquita, qu’une femme est un diable[4]. » Oui, mais


    passe dans les vingt-quatre heures… comme cela se pratique de l’autre côté des Pyrénées. »

  1. Les Espagnols, journée II, sc. i, p. 61.
  2. Une femme est un diable, sc. i, p. 145.
  3. Ibid., sc. I, p. 151.
  4. Ibid., sc. iii, p. 159.