Aller au contenu

Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

ce dont les romanciers ne parlent pas : de l’argent, et beaucoup d’argent[1]. » Cela tombe droit sur les héros voyageurs de Dumas, comme plus tard les malices de MM. Meilhac et Halévy. Qu’est-ce donc ? La préface de la Famille de Carvajal accroît en nous cette perplexité. Après la tragédie condamnée par un marin, voici le drame défini par une jeune tête de quinze ans. «… Ne pourriez-vous pas, monsieur, vous qui faites des livres si jolis, me faire un petit drame… bien noir, bien terrible, avec beaucoup de crimes et de l’amour à la lord Byron ?… — P.-S. Je voudrais bien que cela finît mal, surtout que l’héroïne mourût malheureusement. — Second P.-S. Si cela vous était égal, je voudrais que le héros se nommât Alphonse. C’est un nom si joli[2]. » Ce souhait ne devait se réaliser que plus tard, après les effusions des romantiques. Mais pour ce qui est de « finir mal », il semble que Dumas, si fertile en dénoûments lugubres, n’ait jamais rencontré mieux. « Ainsi finit cette comédie et la famille de Carvajal. Le père est poignardé, la fille sera mangée ; excusez les fautes de l’auteur[3]. » Cet écrivain est-il sérieux ? Ou badin ? Imitateur ou perfide dans l’imitation ? Novateur ou pince-sans-rire ? Peut-être tout cela ensemble. À coup sûr, jamais littérateur d’avant-garde ne fut plus sujet à caution ; car jamais le convenu ni le forcené du drame de 1830 ne furent plus cruellement percés à jour. Restait à en mesurer la valeur historique et la qualité nationale. Mérimée fait paraître la Jaquerie (1828).

Les tableaux sont à la mode ; le théâtre nouveau, duquel on sait que dépendent les destinées de la

  1. L’Occasion, sc. vii, p. 374.
  2. La Famille de Carvajal, préface, p. 432, édit. Charpenlier, 1842.
  3. La Famille de Carvajal. « Excusez les fautes de l’auteur » est une formule du théâtre espagnol.