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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/175

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LE DRAME NATIONAL ET « HENRI III ».

Cette pièce plonge dans l’avenir du théâtre. Elle est grosse des drames de l’adultère, comme aussi des conséquences passionnelles, morales, légales, qui vont occuper la scène. L’épouse coupable, la sainte patronne de nos dramaturges, peut maintenant apparaître dans toute sa gloire, en attendant que le commissaire s’en mêle. Après la déroute de la noblesse, l’avènement improvisé de la femme moderne aboutit au renouvellement des mœurs, du code et du théâtre.

Henri III est le point de départ. Désormais la trinité dramatique est constituée ; elle, consciente des droits que lui confèrent les biens qu’elle a « apportés comme duchesse de Porcian[1] », et qui bientôt s’appellera tout uniment Adèle ; lui, qui se croit encore le seigneur et le maître, et qui en use ; et l’autre, l’ami céleste, le parangon de la divine passion, aujourd’hui victime du mari, plus tard autre mari de sa victime. Tous les trois, sur la scène, pendant tout le siècle, ils évolueront avec les mœurs. Et ainsi, en dépit de quelques traces de tragédie persistante, malgré les emprunts, souvenirs et imitations, Henri III et sa Cour fonde définitivement le drame populaire et original, sinon national et historique, où il suffira de remplacer la cour par un salon pour mettre dans le plein du drame moderne. Du premier coup, Dumas ouvrait au genre sa double voie.

  1. III, sc. v, p. 171.