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Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/183

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L’ŒUVRE DRAMATIQUE.

mental[1]. Et nous vendons de reste qu’Antony fut répété et joué et « rugi » dans l’intimité, sans décor ni costumes, avant que mademoiselle Mars refusât le rôle et que madame Dorval en fît sa création. Vous trouverez vingt fois Dumas en scène dans les drames de Dumas : il étalera ses illusions artistiques et sa superbe musculature dans Kean, et, vieilli, en 1864, il fera encore le coup de poing avec allégresse dans un restaurant de nuit, sous les traits du poète Jean Robert[2]. Tout ce qui l’occupe, l’intéresse, lui plaît, ses croyances, superstitions, caprices ou manies prennent, un jour ou l’autre, leur place sur les planches. Dans Madame de Chamblay, on trouvera une scène culinaire et la confection d’un menu digne de l’auteur des Propos d’art et de cuisine[3]. Il a composé un drame du magnétisme[4], plusieurs tableaux d’astrologie (sans compter l’Alchimiste), et une scène de chiromancie dans les Mohicans de Paris[5]. Je m’empresse d’ajouter que de cette imagination il n’est pas toujours maître. Il est fougueux et

  1. Dumas fut, pendant quelque temps, employé à la bibliothèque du duc d’Orléans. Cf. Mes mémoires, t. V, ch. cxxii, p. 134. Il a peint au vif, dans le Chevalier d’Harmental, l’administration d’une Bibliothèque (IV, tabl. vi, pp. 269 sqq.). Là se trouve une maxime qui mérite d’être recueillie : « Les garçons de bureau ne viennent qu’à onze heures… C’est bon pour les employés de venir à dix. »
  2. Kean (Th., V), III, tabl. iii, sc. iv, p. 140 ; les Mohicans de Paris (Th., XXIV), I, tabl. ii, sc. iv, p. 38.
  3. Madame de Chamblay (Th., XXV), V, sc. i, pp. 76-78. Cf. la salade japonaise de Francillon. Cf. les menus de M. Vatel et de M. Poirier, dans le Gendre de M. Poirier.
  4. Urbain Grandier.
  5. Les Mohicans de Paris (Th., XXIV), I, tabl. iii, sc. v, pp. 64-65. Cf. Mes mémoires, t. V, ch. cxxiii, pp. 146-162 sur le magnétisme. Cf. Joseph Balsamo. Quoi qu’on en ait dit, Dumas fils croyait à la chiromancie. À plusieurs reprises, il m’a affirmé que Desbarolles lui avait prédit un triste événement de sa vie. Il avait d’ailleurs le culte de la main ; il avait fait mouler celle de son père.